Au sens courant, le scepticisme désigne
l'attitude de celui qui doute. Le doute volontaire est certainement l'instrument
privilégié de toute recherche exigeante de la vérité. Il s'agit de ne pas (ne
plus) se raconter d'histoire!
Cependant on rencontre souvent des "sceptiques" qui affirment que la vérité
n'existe pas, ou qu'il n'est pas possible de l'atteindre. Or, en plus de la
contradiction qu'il y a à affirmer qu'il n'y a pas de vérité (cette affirmation
est-elle vraie ? Si oui, alors elle est fausse), une telle attitude préjuge au
départ de ce qu'il y a à l'arrivée. Si on décrète que la vérité est impossible à
atteindre, alors il n'y a rien à chercher, il n'y a qu'à attendre que celui qui
affirme quelque chose le prouve. Le sceptique demandera toujours la preuve de la
preuve, ou la démonstration de la démonstration ; et comme l'on peut remonter
ainsi à l'infini, il en conclura que la vérité est impossible à atteindre.
L'attitude des philosophes sceptiques de l'Antiquité consistait d'abord en la
"suspension du jugement" ; celle-ci n'est pas une passivité intellectuelle mais
une véritable ascèse de la pensée. Il faut se rappeler qu'en grec, skeptikos
veut dire "qui observe, réfléchit, sans rien affirmer". Cela suppose autant une
recherche sincère, que la pratique de l'ironie à l'égard de son propre discours.
Chacun est seul juge pour savoir où est la limite entre le doute légitime et la
mauvaise foi.