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Lectures

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Chaque titre est accompagné :
- de l'indication de son niveau de difficulté, selon des catégories ("très accessible", "accessible", "exigeant") sur la signification desquelles on trouvera ci-dessous des précisions
- d'un bref aperçu de son contenu (principaux problèmes abordés, thèse centrale, "points forts"...).

On ne trouvera guère ici de grands classiques de la littérature philosophique. Toutefois, on pourra trouver certains  ouvrages de grands auteurs dont le niveau de difficulté peut être estimé "très accessible". Par ailleurs, on trouvera des textes commentant ou exposant des doctrines de grands auteurs.

 

Niveaux de difficulté

Très accessible

Peu ou pas de vocabulaire technique, ni d'appel à des raisonnements trop étendus ou trop complexes. Particulièrement indiqué pour une prise de contact avec la philosophie, et se préparer à passer au niveau suivant.

Accessible

Toujours abordable pour la plus grande partie du contenu, mais présence de vocabulaire technique et d'élaborations conceptuelles plus poussées. Le non-spécialiste aura donc affaire à un mixte de clartés et de zones d'ombre... ce qui est excellent pour progresser.

Exigeant

La proportion s'inverse par rapport au niveau précédent : importance du vocabulaire technique, caractère "abstrait" et spéculatif de la pensée sont dominants. Pour le profane (voire pour les autres!), les zones de clarté se raréfient sans toutefois disparaître complètement.

N.B. : pour remédier au caractère formel de cette classification, on pourra proposer pour certains ouvrages des indications mixtes : "très accessible/accessible" ou "accessible/exigeant".


Les oeuvres sont présentées par ordre alphabétique des noms de leurs auteurs. Quand il existe plusieurs ouvrages (recensés ici) d'un même auteur, le nom de ce dernier est suivi d'un astérisque.


 

Marcel Conche, Orientation philosophique, Paris, PUF, coll. "Perspectives critiques", 1990

Niveau de difficulté : très accessible/accessible

Contenu : L'ouvrage est un recueil d'articles indépendants mais qui forment un tout. Le premier pose la question du mal et de la possibilité de lui trouver une justification philosophique ou religieuse. Il y a un type de souffrance qui reste injustifiable : celle des enfants. La souffrance muette des enfants suppliciés à Auschwitz ou ailleurs est un  mal « absolu », précisément parce que les enfants ne peuvent le relativiser (comme le peuvent les adultes en lui donnant du sens par l'héroïsme, la foi...). L'auteur nous amène à une conclusion terrible : le scandale de la souffrance des enfants rend « moralement nécessaire de nier l'existence de Dieu ». 
   Marcel Conche n'hésite pas à poser de nouveau la question de la sagesse (aujourd'hui bien désertée) : est-elle encore possible après un siècle qui a définitivement ébranlé notre confiance en la raison ? Elle ne peut plus être que lucidité désespérée, répond en résumé Conche. Cette lucidité refuse tout confort moral : nos existences vouées au souci de notre intérêt ont pour condition l'insensibilité à la souffrance d'autrui. L'auteur en tire là aussi une conclusion fort dérangeante : « chacun est fondamentalement coupable ». Un livre dont la puissance d'interrogation ne peut que nourrir la réflexion de chacun.

 

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J. Saiman

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JEAN-LOUIS CHRéTIEN*, Promesses furtives, Paris, Editions de Minuit, 2004      

Niveau de difficulté : accessible/exigeant

Contenu : Il y a une façon acharnée, têtue, sourcils froncés, de chercher – qui est une fermeture au réel. Jean-Louis Chrétien sait que chercher exige attente, patience qui n’est pas paresse mais vigilance intellectuelle : ne pas assaillir le réel ni le réduire mais lui faire hospitalité. Seul celui qui a la patience d’un regard fraternel peut entendre ces « promesses furtives », presque imperceptibles, tapies dans ces actes ordinaires (et pourtant extraordinaires) que sont parler, pleurer, chercher, trouver… Ainsi, sur  « l’humanité des larmes » : « Nous n’avons pas à comprendre trop vite le sens des larmes de l’autre, mais à l’accompagner vers leur horizon, qui est une parole sienne où il se comprenne lui-même, ou du moins se dise jusque dans ce qu’il a d’obscur, tout comme Saint Augustin dit confesser à Dieu ce qu’il sait de lui, mais aussi ce qu’il en ignore. »
   Il émane de ce livre vibrant, musical, la douceur d’un accueil offert au monde, à ses bruissements et silences. Un livre scintillant de spiritualité, qui luit comme un ostensoir.

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B. Gomez

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Nicholas Fearn, Zénon et la tortue, Apprendre à penser comme un philosophe, trad. E. Pasquier, Saint-Etienne, Editions Bréal, 2003

Niveau de difficulté : très accessible

Contenu : De Thalès à Derrida, en passant par Platon, Descartes et Kant, l'auteur passe en revue ce qu'on peut retenir de vingt-cinq des plus grands philosophes. Dans chaque chapitre (moins d'une dizaine de pages chacun) est expliqué un concept, une thèse, une manière de philosopher d'un auteur : le questionnement socratique, le malin génie de Descartes, le marteau de Nietzsche, etc.
   Dans un style toujours clair et souvent drôle, l'auteur insiste également sur ce que les pensées des grands philosophes peuvent avoir de pratique, voire d'utile dans la vie courante.
   Ce livre très facile à lire (on peut ne pas le lire en entier, ou le lire dans le désordre) peut constituer une bonne première approche de l'histoire de la philosophie.

 

 

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M. Anglaret

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Dominique Folscheid*, Sexe mécanique. La crise contemporaine de la sexualité, Paris, La Table Ronde, 2002

Niveau de difficulté : accessible/exigeant

Contenu : Chez les grands philosophes de l’histoire occidentale le sexe a rarement été un objet d’étude à part entière. Michel Foucault dans son Histoire de la sexualité montrait que ce que nous appelons « sexualité » n’est pas une entité intemporelle qu’il faudrait étudier à travers les âges, mais bien une manière historique particulière de penser l’existence et que notre époque apportait en ce domaine du radicalement nouveau. D. Folscheid reprend ici cette piste.
   Le titre de l’ouvrage ne doit pas nous tromper. Il ne s’agit pas ici d’un pamphlet ou d’un ouvrage grand public qui brosserait une description sociologique bien dans l’air du temps. Non, il s’agit bien de philosophie. L’A. cherche à penser l’homme, à penser notre rapport à l’existence, et l’usage parfaitement maîtrisé des philosophes est sans cesse là pour le rappeler.
   Le modèle d’analyse qui est ici clairement à l’œuvre est celui du Heidegger de la conférence de 1953 : « La Question de la technique ». De la même façon que le philosophe allemand nous aidait à penser la technique comme ce qui ne se réduit pas aux objets empiriques qui s’entassent autour de nous mais à diriger la question vers « l’essence » de la technique, D. Folscheid nous aide à ne pas en rester au constat d’une société où s’est accru l’ « offre » pour « vivre sa sexualité  de façon épanouie ». Derrière ce discours convenu de l’ « épanouissement », l’A. repère une logique à l’œuvre qui n’est le discours de personne (là encore la référence au « On » heideggerien est explicite) et qui vise à servir une figure de la sexualité qui se réduit au sexe. Le constat de l’ouvrage n’est pas celui d’un certain discours moralisateur qui lirait dans notre temps une « crise de la moralité », une « crise des valeurs ». L’A. le précise : « la crise n’est pas celle de la sexualité, la crise est « la sexualité » elle-même. Autrement dit, « la sexualité » est la figure de crise de la sexualité humaine » (p.36). Le terme de « sexualité » est pris ici dans sa réduction au sexe brut.
   C’est en naturalisant la sexualité humaine que le discours ambiant manifeste cette crise, en oubliant que chez les hommes la sexualité est d’abord un discours, un imaginaire, un ensemble d’aspirations et de représentations qui les distinguent à jamais de la bête. Ce discours ambiant se caractérise par le fait de convertir le « désir » en « besoin sexuel ». Il gagne ainsi sur deux tableaux : le droit de satisfaire ses besoins naturels est perçu comme inattaquable et inversement on fera entrer de force dans la catégorie de la frustration et de la « misère sexuelle » celui qui ne se conforme pas à la tendance qui meut le discours ambiant. Revendiquer de parler du sexe « librement et sans tabou » c’est simplement signifier qu’on a éliminé toutes les sphères qui le relativisaient (notamment celle du sacré) pour l’instaurer, lui, comme sphère. On neutralise par là même tout jugement moral. On feint d’oublier ce qu’il y a de violence dans le désir sexuel – le plus violent de tous les appétits naturels nous disait Platon. C’est pourquoi les hommes ont cherché à travers l’histoire à domestiquer cette violence latente en l’encadrant culturellement. Naturaliser la sexualité est donc une façon de régresser. A nouveau il faut ici distinguer le « sexe » et la « sexualité ».
   La sexualité humaine authentique est « un système de médiations réciproques », une « intégration d’éléments aussi disparates que le biologique et l’humain, le charnel et le spirituel, la liberté et la nature, le pulsionnel et l’affectif » (p.30). L’humain est ainsi pris comme un tout, avec ses dimensions de sentiments et ses angoisses. Le discours du sexe ampute, lui, l’homme d’une part essentielle de ce qui le définit, visant à l’efficacité et à l’aboutissement de l’acte. Le discours techniciste ayant habitué l’homme à se penser abstraitement comme ayant des vies distinctes (une vie professionnelle, une vie familiale, une vie sexuelle etc.) l’a également habitué à séparer la fonction génésique (ou plus généralement créatrice) de l’univers du sexe. L’une des marques de l’empire du discours du sexe sur nous c’est de ne plus vouloir envisager la mort. Comme le remarque l’A. : « Avant on parlait sans hésitation et sans fard de la mort, mais on ne parlait pas du sexe ; maintenant on parle du sexe sans hésitation et sans fard, mais on ne parle plus de la mort » (p.173). Le sexe est une « exubérance de la vie dans la vie », mais dans cette répétition des « bons moments » centrés sur l’instant orgasmique il stérilise toutes les formes de fécondité (amour, art, science etc.). Georges Bataille avait montré, lui, que l’érotisme était « l’approbation de la vie jusque dans la mort » soulignant que les faces de l’existence humaine n’y sont pas niées comme dans le sexe. Le sexe ignore ou exclut l’attente, l’espoir, la temporalité, toutes ces dimensions qui animent le désir amoureux. Avant l’époque qui est la nôtre, tout ce qui concernait la sexualité humaine ne pouvait être vécu et pensé qu’en associant la vie et la mort - ce qui donnait une importance capitale à la procréation, à l’amour et à leurs enjeux métaphysiques. La réduction de la sexualité au seul sexe appauvrirait aujourd’hui la réalité humaine.
   Les analyses de l’A. sont le plus souvent d’une grande acuité. Le propos passe de la technicisation du sexe à l’avènement de la procréatique et à l’hygiénisme médical qui résout les « problèmes moraux dans des solutions sanitaires » (p.236). On peut se demander cependant si le sexe peut faire système comme la technique fait système chez Heidegger. En d’autres termes, le sexe est-il un cas particulier de la technique ou l’inverse ? N’est-il qu’une ontologie régionale ou est-il la nouvelle ontologie ? D’autre part, tout comme Heidegger se plaisait à rappeler les vers de Hölderlin :
               « Mais là où est le danger, là aussi
               Croît ce qui sauve. »
ne peut-on pas encore et toujours espérer que la pauvreté existentielle - qui serait celle de notre époque - amène l’aspiration à son propre dépassement ?

   Le lecteur habitué à un certain ton philosophique pourra être surpris par le style de l’A. qui avec un propos sérieux multiplie à l’excès les double-sens sexuels. A cela s’ajoute que l’ouvrage abonde en références aux discours de notre temps et qu’il descend jusqu’aux hebdomadaires people, à la publicité, aux sondages sur la vie sexuelle des jeunes américains ou aux types de prise de vue du cinéma porno. Jean Brun disait à ce propos que pour mesurer l’évolution morale d’une société, il fallait commencer par examiner ses revues pornographiques. D. Folscheid s’y emploie. Il y a ici du Hegel qui ferait entrer les Additions dans le corps même de l’Encyclopédie. Jusque dans l’évocation des peep show ou du safe sex nous ne sommes donc pas en dehors du concept, mais dans un universel qui se dit à travers le particulier. Ne nous méprenons donc pas au sujet de cet ouvrage : il y a ici une oeuvre urgente, extrêmement brillante, nécessaire même, et véritablement philosophique.

 

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B. Quentin

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NICOLAS GRIMALDI*, Socrate le sorcier, Paris, PUF, coll. « perspectives critiques », 2004

Niveau de difficulté : accessible

Contenu : Ce livre sait jouer du suspense : il commence par dépeindre Socrate en « guérisseur », tout occupé à inventer une médecine pour l’âme angoissée par la mort  - sans contester, d’ailleurs, l’efficacité de cette thérapeutique. A cette fin, il décortique le « système » socratique (théorie de la réminiscence, des idées, etc.). Jusque-là, rien de bien nouveau… Mais l’audace, c’est de demander : Socrate croyait-il à sa propre métaphysique ? Pour Grimaldi, la réponse est non ! Au fond, Socrate savait bien que l’âme est originairement et définitivement désespérée ; que l’hypothèse d’un lieu intelligible plus réel que le sensible, et garantissant l’immortalité à l’âme, pourvu qu’elle se purifie, n’est qu’une fiction, une croyance ; bref que la métaphysique tout entière est une « géniale duperie », mais qui donne au moins un sens à la vie, laissant espérer un au-delà juste, éternel, vrai. Socrate aurait énoncé à dessein des paroles fausses, mensongères (d’où le recours aux fables et autres mythes dans le texte platonicien) mais au moins des paroles qui sauvent, des incantations efficaces…
   On pourra juger provocateur ce portrait d’un Socrate « illusionniste » (quoi, le fondateur de la philosophie, l’amoureux de la vérité, un mystificateur ?) et décapante cette thèse d’une métaphysique-placébo. On regrettera  cependant que Grimaldi ne distingue pas plus clairement entre Socrate et Platon… Mais on y lira surtout une excellente introduction aux dialogues platoniciens, et la convictions qu’il existe au fond deux types de philosophes : les penseurs de la lucidité qui décrivent, sans prétendre guérir, le malheur immédiat de la conscience ; et les philosophes « chamaniques » de l’espérance, de la promesse de bonheur… Une présentation bien nietzschéenne des choses, mais que Grimaldi juge déjà présente, entre les lignes, chez Platon : ultime tour de passe-passe ?

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B. Gomez

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PIERRE HADOT*, La philosophie comme manière de vivre, Paris, Le Livre de Poche, coll. « biblio essais », 2003

Niveau de difficulté : très accessible

Contenu : La philosophie est moins élaboration d’un système théorique que le choix d’une certaine manière de vivre, et de mourir. Voyez Socrate. Dans ce livre d’entretiens, Pierre Hadot, qui fut tour à tour (excusez du peu !) prêtre, ajusteur, philologue au CNRS, syndicaliste et professeur au Collège de France, renoue avec cette conception antique, mais toujours actuelle,d’une philosophie pratique. L’ouvrage  se présente comme un dialogue entre amis, entre l’auteur et les professeurs Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson. Il n’y est pas seulement question de vivre, mais de comment vivre. Comment opérer le mouvement de conversion propre au sage ? A l’aide d’exercices spirituels, répond Pierre Hadot. En adoptant ce « regard d’en haut » qui permet de mesurer la petitesse des choses humaines dans le cosmos, mais aussi notre grandeur – nous qui pouvons parcourir l’univers à la vitesse de l’esprit.
   Ce manuel de vie, émouvant à force de sobriété et de modestie, informera le lecteur, le formera surtout – le transformera peut-être.

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B. Gomez

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Gildas Richard, Nature et formes du don, Paris, L'Harmattan, 2000

Niveau de difficulté : exigeant
Contenu : voir la rubrique Le don sur le présent site

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Bernard Sève, La question philosophique de l'existence de Dieu, Paris, PUF, coll. "Les grandes questions de la philosophie", 1994

Niveau de difficulté : accessible/exigeant

Contenu : Le titre, par les termes "question" et "philosophique", indique clairement que la perspective du livre n'est pas religieuse, et l'auteur fait preuve d'une remarquable neutralité dans l'exposé des différents aspects de cette question. Au terme de la lecture, on ne saurait d'ailleurs dire quelle est sa position personnelle. Et c'est bien là sans doute l'intérêt principal de cet ouvrage : il ne guide pas le lecteur, mais lui indique au contraire une diversité de chemins. Sans chercher une illusoire exhaustivité concernant une question aussi fréquemment débattue dans l'histoire de la philosophie, Bernard Sève nous fait néanmoins rencontrer nombre de grands philosophes, et montre que la question philosophique de l'existence de Dieu peut en fait être entendue de bien des manières, et que la ou les réponses qu'on lui apportera dépendent en premier lieu, précisément, de la manière dont on l'entend.

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M. Anglaret

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P. Singer, Questions d’éthique pratique, Paris, Bayard Éditions, 1997

Niveau de difficulté : accessible

Contenu : Cet ouvrage étudie de manière extrêmement concrète (mais bien entendu philosophique) un certain nombre de questions d’éthique pratique, notamment celles qui sont nées des développements techniques du XXème siècle : avortement, euthanasie, expériences sur les animaux, environnement, et ainsi de suite. Sont également traitées des questions sociopolitiques, comme celle des rapports riches / pauvres ou celle de l’immigration.
   Si l’auteur, fidèle à la tradition anglo-saxonne dans sa manière d’aborder les questions, ne cache pas ses propres positions utilitaristes (courant dont il applique les différentes variantes aux questions abordées), il n’hésite pas à faire part, le cas échéant, de ses doutes ou ses hésitations, obligeant pour ainsi dire le lecteur à se positionner par lui-même. La multiplicité des exemples précis et méticuleusement analysés n’empêche pas Peter Singer de prendre, lorsque c’est nécessaire, un certain recul philosophique : le dernier chapitre du livre, par exemple, s’intitule : pourquoi faut-il agir moralement ?

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M. Anglaret

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R. SriniVasan, Entretiens avec Swami Prajnanpad, Editions Accarias l'Originel, 2005

Niveau de difficulté : très accessible

Contenu : Swami Prajnanpad est, comme le note André Comte-Sponville dans l'ouvrage qu'il lui a consacré (De l'autre coté du désespoir, Ed. Accarias) un des rares sages du XXème siècle. D'abord physicien (il a enseigné à l'université) il s'est intéressé à la psychanalyse et y a vu un moyen de rendre concrets et pratiques les enseignements des Upanishads et de l'Advaïta Védanta (textes classiques hindous). Son enseignement ne se laisse pas enfermer dans une tradition ou un système de pensée: « la spiritualité c'est l'indépendance ». Il nous invite inlassablement à la lucidité, or pour y arriver il faut commencer par se « déséduquer » (titre du premier chapitre). « Ne faites pas d'exception pour quelque idée ou préjugé chéris. Il faut tout jeter sans exception. » On retrouve là la radicalité de la tabula rasa cartésienne avec une fraîcheur et un élan nouveau, c'est qu'il ne s'agit pas ici de trouver un fondement à un savoir mais de « Voir », « voir est une fonction (non conditionnée et non soumise aux conventions) de la conscience pure, qui est avec ce qui est, tandis que penser est la fonction d'une pensée colorée par « ce qui doit être » (les désirs; les attirances). » Cette conversion du regard amène à ce qu'il considère comme les deux grandes vérités fondamentales : la différence et changement, « ... changement continuel, partout et toujours... Tout est différent de vous et d'un autre ou plutôt chaque chose est unique. » On quitte Descartes donc pour retrouver Héraclite et une sagesse pratique dont le ressort fondamental est l'attention au présent toujours changeant.

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J. Saiman

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