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Le respect

" Se respecter soi-même " ; " respecter la nature " ; " respecter les autres ; " il faut respecter la pelouse " ; " respectez le matériel ! " ; " elle m’a manqué de respect ", etc. : autant d’expressions où apparaît la notion de respect. La fréquence de son usage montre qu’elle passe pour bien connue. Pourtant, à la réflexion, ce qu’est le respect n’est peut-être pas si clair que cela.

Pourquoi d’abord faut-il respecter quelqu’un ou quelque chose ? Est-ce par crainte, du gendarme, ou des conséquences de nos actes ? Ou bien encore par intérêt bien compris ?

Si la crainte est le mobile du respect, que j’aie pour tâche de me respecter est absurde car, comment pourrais-je me craindre ? En outre, il me suffirait de me faire craindre pour ne plus avoir à respecter qui ou quoi que ce soit. De même, en calculant mieux les conséquences de mes actes, pourrais-je me passer de tout respect. Si le respect s’identifie à l’intérêt bien compris, il ne serait qu’une forme de ruse. Me respecter ne pourrait être une tâche. Respecter l’environnement pour les générations futures n’auraient aucun sens.

N’est-il pas alors nécessaire de distinguer une action intéressée ou dont le mobile est la crainte du respect ? Le respect n’exige-t-il pas au contraire l’absence de crainte de ce que l’on respecte ni son usage purement utilitaire ?

Ensuite, qui ou quoi respecter, c’est-à-dire qu’est-ce qui est digne de respect ? Est-ce seulement qui est aussi capable de respect, c’est-à-dire la personne ? Dans une telle hypothèse, les choses, la nature ne seraient pas directement des objets de respect. Enfermer un chien dans un sac et le battre lentement afin que sa chair soit meilleure, détruire une espèce animale pour fabriquer des bijoux en ivoire, n’est-ce pas manquer au respect de soi ? Autrement dit, respecter ce qui n’est pas une personne plutôt que de le considérer comme un pur moyen n’est-il pas une manière de se respecter ? Le respect de la nature n’aurait-il pas alors un sens ?

Enfin, on pourrait penser que le respect consiste simplement à s’abstenir de certains actes comme ne pas faire souffrir, ne pas tuer.

Pourtant, lorsque je me reproche d’avoir commis une mauvaise action, lorsque même je me méprise, n’est-ce pas une façon de me conformer au respect auquel j’ai droit même si j’en souffre? Le médecin qui coupe la jambe gangrenée (indépendamment de la question de la rémunération) fait bien souffrir son patient. On ne prétendra pas pourtant qu’il lui manque de respect. Le respect résiderait en des actes positifs aussi. Comment donc les distinguer de ceux qui marquent l’absence de respect ?

Qu’est-ce donc que le respect ?

Patrice Bégnana

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