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Le mal Plus peut-être que toute autre notion, le mal se présente spontanément à nous comme une question, une question dont lacuité semble navoir dégale que la difficulté dy répondre : pourquoi le mal ? Dans une vision religieuse du monde et de lhomme, la question se double dun scandale : si Dieu existe, sil est bon et tout-puissant, comment accepte-t-il la présence du mal dans sa création ? Ou, sur un mode plus révolté, Dieu peut-il exister lorsquun enfant souffre ? La Bible enseigne que Dieu ne tolère pas un mal qui lui serait étranger (diabolique ou purement humain), mais quau contraire il en est lui-même la cause directe : « Je fais le bien et je crée le mal, cest moi, Yahvé, qui fais tout cela. » (Isaïe, 45, 7) Autrement dit, le mal nest pas, dans la Bible, une simple possibilité de la liberté accordée par Dieu à lêtre humain. Ce dernier est alors appelé à sen remettre à la justice divine, dont les modalités terrestres ne sauraient lui être entièrement dévoilées. Daprès une conception plus laïque du monde des
hommes le bien et le mal ne pouvant exister ailleurs que chez lêtre humain
, le mal semble prendre deux formes : Se pose alors ici la question de la nocivité du mal. La langue semble indiquer que le mal est par nature mauvais (cest ladjectif qui lui correspond). Ne le serait-il pas au même titre que peuvent être mauvais une odeur, une nouvelle ou les résultats dune élection, cest-à-dire simplement déplaisants ou nuisibles ? Peut-on dailleurs concevoir un mal qui ne serait préjudiciable à personne, pas même à celui qui le commet ? Des mots comme malentendant ou malchance, ou plus simplement lexpression avoir mal confirment peut-être cette hypothèse, car ils ne comprennent précisément en eux rien de moral. Le mal ne serait-il donc que le nuisible ? Ou faut-il conserver la référence à un principe moral absolu qui, au-delà des divers avatars et figures historiques du mal, exigerait de lhomme une obéissance impérative et catégorique ? La question centrale du mal nest donc pas, au bout du compte, « pourquoi le mal ? », mais « quest-ce qui est mal ? ». Marc Anglaret |
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