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L'idéal

   Qui a rencontré l'homme ou la femme idéal(e) ? On peut le croire au moment de la rencontre, et un peu après... Mais si l'on demandait : qui vit au quotidien avec l'homme ou la femme idéal(e) ? La réponse serait beaucoup plus certaine... Est-ce parce que l'idéal n'existe jamais ou parce qu'on le conçoit mal ?
   L'idéal, nous disent les dictionnaires, c'est ce qu'on se représente ou se propose comme type parfait, le modèle absolu. La question est : sur quelle base concevons-nous nos idéaux ? Est-ce sur la base de nos désirs, de nos préférences, de nos goûts ? Ainsi la femme idéale serait celle qui répondrait exactement à mes goûts et qui satisferait mes désirs avant même que je ne les formule... Il y aurait alors, et cela concernant toutes choses, un idéal différent pour chaque personne.
   Il est ainsi peu étonnant que le langage courant oppose l'idéal à la réalité, car la réalité cadre rarement avec nos attentes ; ou plutôt, ce sont nos attentes qui dépassent toujours la réalité : il a toujours mieux et plus... L'idéalisme passera alors pour de la naïveté, le propre de la jeunesse et de son inexpérience. Ce serait une façon de préférer ce qui devrait être à ce qui est, une façon de ne pas voir la réalité ou de la fuir. La sagesse ou le bonheur serait de se garder de cette forme d'idéalisme qui est autant source d'illusion que d'insatisfaction : à toujours tendre vers des conditions idéales, on ne vit jamais au présent, on espère de vivre...
   Mais n'y a-t-il que cette façon de concevoir l'idéal ? L'idéal, avons-nous dit, c'est le type parfait, le modèle, ce qui réalise le mieux son genre. Or on peut entendre l'idéal non plus comme ce qui serait parfait pour moi en vertu de mes goûts particuliers, mais comme ce qui réaliserait le mieux l'idée, les caractéristiques essentielles de ce dont il est l'idéal. Ainsi l'idéal se rapprocherait non plus seulement du désirable et de l'imaginaire, mais de ce qui est du domaine de l'idée et de la valeur.
   Reprenons notre exemple de la femme idéale ; celle-ci serait celle qui réaliserait le mieux ce qui fait la féminité. La femme idéale, en ce sens, ne serait pas celle qui se conforme le mieux à une image de la femme telle qu'on la considère comme désirable à un moment donné, dans une société donnée, mais celle qui réaliserait d'une façon singulière ce qui fait qu'une femme est une femme (puisque l'idée de femme contient l'idée d'un être singulier). Il n'y aurait pas qu'une seule femme idéale (tel ou tel mannequin), mais il n'y aurait bien qu'un seul idéal de la femme. Et se rapprocher de son idéal serait alors non pas s'éloigner de la réalité mais se rapprocher de notre réalité essentielle. A partir de là, quelques questions se posent : y a-t-il un ou des critères universels qui définissent la féminité (ou tout autre idéal : l'humanité, la justice...) en tant que telle, et qui permettrait d'en définir l'idéal ? Comment pourrions-nous juger de la réalité si l'idéal n'existait pas ?

J.S.

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