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La république
introuvable
Il faut placer les
« principes républicains » au-dessus de toute particularité religieuse,
philosophique ou spirituelle, et voir en eux ce qui nous rassemble par-delà nos
différences. Les idées religieuses, philosophiques et spirituelles relèvent de
la sphère privée, et ne doivent jouer aucun rôle public : elles sont étrangères
à ce qui fonde et justifie le fait que nous formions un peuple, au sens
politique de ce terme.
Or religion, philosophie et spiritualité sont les domaines où il
est question de la substance et du sens de l'existence, de ce qui élève
l'individu au-dessus de ses intérêts et agréments immédiats, le tournant vers ce
qui, à ses yeux, donne sens et valeur à toute chose, ce qu'il tient pour le vrai
et le bon en soi.
Par suite, considérer que les dimensions religieuses,
philosophiques et spirituelles ne doivent entrer pour rien dans ce qui nous unit
en tant que peuple, c'est vouloir que rien de ce qui touche à l'essentiel ne
nous rassemble. C'est décider que ce qui, par nature, conditionne, éclaire et
façonne tout le reste, ne devra pas faire l'objet de notre préoccupation
commune.
De cette conséquence nécessaire et générale en découlent plusieurs
autres, qui, prises ensemble, conduisent à se demander ce que peut bien être le
contenu réel de l'idée de « république », lorsque ce régime est ainsi
conçu.
Nulla res
Que pourront contenir
les « principes républicains » constitutifs de notre unité, l' « universel »
placé au-dessus de nos particularités ? De quelles « valeurs » et de quel genre
d'« unité » pourront-ils être la source ?
Exempts de toute vue sur ce qu'est l'homme et sur ce que signifie
mener une existence d'homme, ils ne peuvent ni ne doivent indiquer ce que, tous
ensemble, nous reconnaîtrions comme bien, beau et vrai. La question à laquelle
ils se proposent de répondre n'est pas « quelle conception commune avons-nous de
la vie humaine ? », mais « comment vivre ensemble après avoir renoncé à définir
ensemble ce que signifie vivre ? ». La « république » ainsi conçue se donne pour
but de rendre possible le côtoiement des hommes une fois abandonnée la question
de savoir ce qu'est l'homme. Les « principes républicains » se borneront donc à
fixer le cadre formel à l'intérieur duquel chacun pourra vaquer à la poursuite
de ses buts et intérêts privés, en fonction de ce que, en son particulier, il
regarde comme vrai, beau et bien. Ils se ramènent ainsi à un seul : le
principe placé au-dessus des particularités, c'est qu'il n'y a rien au-dessus
des particularités, sinon l'exigence qu'aucune d'elles ne cherche à se placer
au-dessus des autres.
Un tel principe est, en soi, tout à fait vide, dépourvu de
substance propre, et il fait résider son sens, sa justification et son honneur
dans cette vacuité. Par là il nie l'idée même de principe, ou du moins il
l’altère radicalement : il ne faut plus entendre par « principe » ce qui fonde,
engendre et nourrit, mais seulement ce qui délimite et encadre. L'universel,
tel qu'il le conçoit et le revendique, n'est plus ce qui a sa consistance en
soi-même par-delà les particularités contingentes, mais ce qui, par son
inconsistance, s'offre à ces particularités comme l'espace de leur
épanouissement.
Un principe ainsi conçu ne peut, à l'évidence, procurer qu'une
illusion de dépassement des particularités. Que reste-t-il, en effet, de
l'idée qu'il y a quelque chose au-delà du fourmillement des intérêts, des
opinions et des désirs individuels, si ce qui est placé « au-dessus » d'eux est
en vérité une structure qui se borne à les réguler ? En quoi dépassé-je mes
particularités lorsque j'adhère à l'idée que les autres ont aussi le droit de
jouir des leurs ? Je ne vois rien là qui soit
au-dessus des miennes, mais seulement le fait qu'il en existe
d'autres à côté d'elles. Le « républicain » qui met son honneur à
respecter le principe du même nom peut bien avoir le sentiment de s'extraire
ainsi de son individualité particulière ; en réalité il ne fait que constater
que la sienne n'est pas la seule, qu'il y en a aussi d'autres, mais aussi
et surtout qu'il n'y a rien d'autre que
cet étalement à l'infini : c'est dans un ciel vide qu'il s'élève, c'est
une terre plate qu'il contemple.
Le firmament « républicain » n'a-t-il pourtant pas ses étoiles, la
constellation des « valeurs républicaines » que forment la liberté, l'égalité et
la fraternité ? Mais si la liberté est définie, à l'échelle de ce qui est
public, comme la simple latitude pour chacun de faire ce qu'il veut, et si
l'égalité, dans cette même dimension, consiste dans l'identique situation de
tous devant les lois qui encadrent l'exercice de la précédente, alors ni l'une
ni l'autre ne sont autre chose que des formes vides, tout à fait silencieuses
sur ce que l'homme doit faire, et signifiant à chacun, par ce mutisme
même, que l'ordre du public est indifférent à cette question. Lorsque notre
esprit ressent le besoin, pour donner épaisseur et sens à son existence, de se
voir proposer des pensées et des orientations qui aient une autre consistance
que la simple opinion personnelle, et qu'il se tourne pour cela vers les
« valeurs républicaines », il se voit refoulé par elles vers cela même dont il
espérait sortir : la sphère des idées et croyances purement subjectives, le soin
des intérêts et besoins particuliers, toute l'affaire (la res) se bornant
à assurer les conditions de leur coexistence. Astres creux qui ne réchauffent ni
n'éclairent personne, n'indiquant rien sur ce qui vaut et ce qui ne vaut pas,
les « valeurs républicaines » ne sont pas des valeurs mais de simples
repères : elles canalisent nos agissements comme les panneaux de la
signalisation routière régulent nos déplacements, nous élèvent aussi peu que
ceux-ci au-dessus de nous-même et sont dignes du même genre de respect.
Quant à la fraternité, elle est à considérer ensemble avec
l'unité, dont le principe « républicain » ne peut encore procurer qu'une
illusion.
Car se rejoindre dans l'idée que chacun
doit pouvoir faire et penser ce qu'il veut, pourvu qu'il laisse aux autres le
loisir d'en faire autant, c'est ne pas se rejoindre. C'est se rassembler pour
affirmer le règne de l'éparpillement, fraterniser dans l'absence de paternité
commune. Les citoyens de cette « république » sont tous d'accord pour dire
qu'ils n'ont à s'accorder sur rien, hormis sur les règles de leur côtoiement,
c'est-à-dire sur les contours de leurs « espaces de liberté » respectifs. Ces
« frères » ne collaborent pas à la construction d'un foyer, mais au tracé d'un
cadastre. Aussi est-ce un spectacle tout à fait singulier, que celui de ces
réunions publiques ou « manifestations » parfois immenses, dans lesquelles les
individus croient être unis par l'adhésion aux « principes
républicains ». Une fois la part faite de la fusion émotionnelle momentanée –
seule sorte de fraternité encore possible dans un tel cadre –, la contradiction
ne peut manquer de sauter aux yeux : vouloir se réunir dans ce qui, par nature,
ne permet pas de le faire. On trouverait le même genre d'unité dans un groupe
vocal où tous chanteraient en chœur et avec entrain : « nous sommes des
solistes ! ».
L'une des plus remarquables conséquences de cette absence de
substance commune est l'incapacité foncière de la « république » à intégrer en
elle de nouveaux arrivants. Laissons de côté, ici, le cas évidemment trompeur
des immigrants issus de pays relevant de la même civilisation, ayant donc
été nourris des siècles durant par un même substrat spirituel et intellectuel.
Ce substrat commun permet en effet à de tels arrivants de se sentir aisément
chez eux dans la « république » – cela, toutefois, malgré celle-ci plutôt
que grâce à elle, puisque la « république » se définit précisément par
l'éviction de ce substrat de la sphère
publique et commune : nous y
reviendrons. Mais il doit nécessairement en aller tout autrement de populations
en provenance de civilisations radicalement différentes. Car alors, sans même
parler de leur éventuelle réticence à adopter une nouvelle manière de penser et
de vivre, ces arrivants ne se voient tout simplement rien proposer en la
matière. Il ne leur est pas demandé de partager avec la population autochtone une
conception de l'existence, de la faire
leur et, en en devenant les adeptes, de passer ainsi de l'état d'hôtes à celui
de frères – et cela non par oubli, négligence ou timidité, mais parce qu'un tel
contenu n'existe tout simplement pas à l'échelle publique. La
« république » n'a à offrir, en guise de terre d'accueil, que le cadre vide de
son « principe » et la forme creuse de ses « valeurs » : non une demeure mais un
terrain vague. Comment s'étonner sérieusement de sa difficulté à intégrer, alors
que l'unique force qui l'anime réellement est de nature centrifuge ?
Dès qu'il est question de
contenu, de valeurs dignes de ce nom indiquant à l'homme quelle
texture
et quelle direction
il doit donner à son existence, l'on est renvoyé à l'ordre du privé ; c'est
seulement à cette échelle que fraternité et communauté réelles sont encore
possibles : l'échelle du groupe se réunissant autour d'idées et de principes
chargés de sens et donc
extérieurs à la « république » ; là seulement se trouvent liens substantiels,
union et partage dans l'essentiel. Aussi, parce que certains hommes ne veulent
pas renoncer à de tels liens, et parce que les autres ne le peuvent durablement,
le destin logique
de la « république » est-il la
désintégration,
le communautarisme ;
et rien n'est plus sidérant que de voir les « républicains » tenter d'éviter
cette issue en redoublant d'énergie dans l’inculcation de leurs « principes »,
en promouvant une « pédagogie républicaine » qui, précisément, est le plus sûr
moyen d'en hâter l'avènement.
Autant dire enfin que la « république » ainsi conçue ne peut
être qu'une illusion de république. S'il
est vrai, en effet, qu'il ne peut y avoir res publica
que pour autant qu'il y a une chose
publique, et une chose qui en soit vraiment une, à savoir un contenu de pensée
substantiel, une « certaine idée de l'homme » (et non seulement de la France)
qui soit reconnue et partagée par tous, alors, une structure qui exclut
du souci public tout contenu de ce genre
est une « chose publique » qui n'admet précisément aucune chose
comme étant publique, une respublica
sans res, une nulla res
publica, un nihilum publicum
– bien des noms peuvent lui être trouvés, mais s'il en est un qui ne peut certes
pas convenir, c'est celui de république.
Res
abscondita
Si aucune substance
spirituelle ou conceptuelle n'est officiellement reconnue comme constituant la
chose publique, il en existe cependant bien une : celle qui,
de fait et par héritage, forme l'esprit
du pays, sa « culture », le fonds commun de ses manières de voir, de juger, de
sentir et d'aimer. Dans ce fonds se tient ce qui, effectivement, rassemble en un
tout la multitude des individualités et des particularités, et la fait communier
dans la reconnaissance d'un certain nombre de principes qui ne se contentent pas
d'organiser le coudoiement des points de vue, mais offrent un
contenu de sens situé par-delà
ceux-ci ; ainsi par exemple, l'idée que toute vie humaine est d'un prix infini,
que le faible doit être secouru, que l'indifférence aux maux d'autrui est chose
détestable, et la poursuite acharnée et exclusive (quoique légale) de l'intérêt
personnel une conduite bien peu élevée. En somme, un ensemble d'idées morales
anime bel et bien la grande majorité du corps social, faisant de lui autre chose
qu'un agrégat d'atomes, le rendant capable de se rassembler sur un mode plus
profond que celui de l'émotivité immédiate ou de l'intérêt bien compris.
D'une part, ces idées morales sont au
fondement du droit juridique, quant au contenu déterminé de celui-ci dans ses
aspects les plus essentiels. La proscription juridique de la violence
envers autrui, par exemple, est la traduction d'un impératif moral, dans
la mesure où cette violence est tenue pour mauvaise
en soi,
et non pas seulement ni prioritairement pour des raisons « sociales ». En
effet son vice à nos yeux ne réside pas d'abord
en ce qu'elle menace l'ordre d'un groupe, mais en ce qu'elle nie la dignité des
personnes : si bien que nous ne laisserions pas de la proscrire encore, si son
exercice laissait intacte la cohésion sociale (comme dans le cas de « l'homme
tombé de la lune » imaginé par Alain), ni de la proscrire toujours, lors même
que sa pratique renforcerait cette cohésion (comme c'est le cas dans la logique
sacrificielle étudiée par R. Girard).
D'autre part, ces idées morales sont elles-mêmes entées sur une
certaine conception de l'homme : car ce n'est pas n'importe quelle manière
de définir et d'envisager ce dernier qui peut appeler et fonder de telles
convictions. En tout état de cause ces dernières supposent, d'un côté, que
l'homme soit reconnu comme ayant en lui-même une dignité ou valeur, qui impose à
son égard certaines interdictions et certaines obligations radicalement
indépendantes de ses particularités individuelles ; et d'un autre côté, la
présence en l'homme du pouvoir de respecter ou non cette dignité, en soi-même et
en autrui, autrement dit d'une capacité à s'autodéterminer qui le rend
responsable de ses paroles et de ses actes. Et cette valeur et ce pouvoir ne
pouvant sans contradiction être vus comme relatifs ou partiels, il faut enfin
qu'ils soient assis sur l'existence en l'homme de quelque chose d'absolu
et d'irréductible, sans quoi ni l'existence en chacun d'une dignité, ni la libre
capacité en tous de la respecter ou de la violenter, ne seraient intelligibles.
Cette conception de l'homme peut être qualifiée de métaphysique, en ce
double sens qu'elle concerne l'essence même de l'homme, et qu'elle envisage
cette essence comme irréductible à toute matérialité physique : est affirmée, à
l'arrière-plan de nos convictions morales elles-mêmes inspiratrices de nos lois
juridiques, la présence en tout homme d'une dimension spirituelle, unique,
insubstituable et strictement incomparable à l'ordre des choses.
Mais si la vision de l'homme comme
d'un être pourvu de dignité et doué de liberté implique nécessairement
une telle métaphysique, et perd tout sens en-dehors d'elle, alors on ne peut
voir en cette dernière l'origine seulement historique des certitudes
morales que suppose notre monde présent – comme si le règne de cette
métaphysique, sous la double forme de la philosophie gréco-latine et du
christianisme, relevait d'un passé que l'on pourrait sans inconvénient laisser
tomber dans l'oubli ; il faut au contraire y voir un fondement essentiel et
constitutif, à tout jamais inséparable de ce qu'il fonde, et, en ce sens,
une origine qui relève absolument du présent de notre monde. Telle était
bien, du reste, la conviction des penseurs hostiles à la vision de
l'homme comme être digne, libre et responsable : tous, Sade et Nietzsche en
tête, ont vu dans cette conception métaphysique (particulièrement dans le
christianisme) la racine d'une telle idée, et ils n'ont cru pouvoir extirper
celle-ci qu'en venant à bout de celle-là, affirmant par là leur absolue
solidarité. En cela ils discernaient et prenaient en compte le sens vrai de la
notion de principe : non pas celui d'un cadre ou d'un support, mais celui
d'une source, qui engendre et nourrit ce qui advient à partir d'elle, non
seulement au début et pour un certain temps, mais absolument en permanence et
définitivement – car le lien qui l'unit à son fruit n'est ni temporel ni
circonstanciel mais substantiel.
Si on ne peut tuer les idées de dignité et de liberté qu'en
détruisant leur fondement métaphysico-religieux, c'est sans doute
qu'inversement, on ne peut les maintenir vivantes qu'en conservant ce dernier.
Or la « république », se plaçant ainsi dans une prodigieuse position de porte
à faux par rapport à elle-même, se veut totalement détachée de ce fondement,
sur lequel elle repose pourtant et dont, sans le savoir, elle vit à chaque
instant. Ce qui constitue la substance et la condition de ses articles de foi
concernant l'homme, elle l'enfouit au loin, à la fois en arrière dans le temps
et en dessous de sa propre surface, parmi ce qui est à ses yeux révolu ou
indifférent. Que reste-t-il donc, comme mode d'existence, pour les convictions
morales qui non seulement justifient ses lois, mais inspirent encore, parfois,
les comportements de ses citoyens par delà leurs particularités – autrement dit,
pour l'esprit commun, la res publica effective ? Une persistance
sous forme de vieilles habitudes, de certitudes devenues naturelles au
fil des âges, passées à l'état d'évidences et de sentiments immédiats ; faute
d'être cultivés, c'est-à-dire reconduits inlassablement et avec soin à la
source métaphysique qui seule les justifie, les nourrit et les éclaire, ces
habitus sont désormais dépourvus de toute vitalité interne et ne se
maintiennent que par inertie, sur l'élan impulsé avant la « république » et hors
d'elle (et dans une toute autre optique que la sienne) par la spiritualité des
siècles antérieurs. En ce sens la « république » vit d'un héritage spirituel
auquel elle refuse délibérément de prêter attention, prenant cette incurie pour
une libération : c'est une fille prodigue, mais qui ne se reconnaît aucun père
vers qui retourner.
Or ainsi traitée, la res publica ne peut jouir que d'une
pseudo vie, d'une réalité de fait et non de droit, d'une existence non
officielle et pour ainsi dire clandestine. Ne bénéficiant d'aucun soutien de la
« république », elle ne se maintient que malgré celle-ci, quand ce n'est pas
contre elle – l'indifférence de cette dernière à son égard pouvant se muer à
tout instant en franche hostilité, dans l'incapacité où elle est de discerner
entre fondement et entrave. L'existence de la res publica comme simple
survivance ne saurait alors être que provisoire. Le vieil et invisible
élan qui la porte ne peut que s'essouffler, se ralentir et enfin s'éteindre,
même si son extinction est vouée à rester aussi invisible que lui-même : aussi
inapparente et ignorée est la chose, aussi discrète est son agonie – surtout si,
la source ayant été robuste, l'agonie est lente ; on est peu apte à sentir la
mort de ce à quoi on dénie une réelle existence, plus inapte encore à s'en
inquiéter. Mais, indifférence pour indifférence, la mort n'a nul besoin d'être
sentie pour être réelle : déjà le principe spirituel, qui porte nombre de nos
lois et de nos conduites tout en n'étant plus lui-même porté par rien, devient
de plus en plus pâle, diaphane, hésitant et sans force contre ce qui le nie ; il
hante désormais nos existences plus qu'il ne les anime ; son souffle est celui
d'un vieux spectre épuisé, trop proche d'expirer lui-même pour nous inspirer
encore.
Alors que la res publica ne peut exister que dans l'unité indivise des
deux termes qui composent son nom, notre « république » les maintient en un
écart mutuel qui signifie son propre écartèlement. D'un côté une « res »
officiellement proclamée et donc publique, mais dépourvue de toute vraie
consistance et n'étant donc point vraiment res ; de l'autre une res
véritable mais n'existant qu'officieusement, et n'étant donc pas
publique – ou ne pouvant l'être que sur le mode de la clandestinité, tour de
force ontologique à la durée nécessairement limitée. Tel est, et le mot est
faible, notre inconfort : nous habitons un mirage soutenu par un fantôme.
Gildas
Richard
(écrire à
cet auteur)
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