Retour à l'accueil - Textes et articles - Le don - Sentences, aphorismes et brèves remarques - Lectures - Visages de la pensée - Liens et contacts
L’humilité Il semble au premier abord que l’humilité soit
au nombre de ces “vertus” d’origine religieuse dont on ne saurait faire que
l’apologie, comme on peut le faire pour la tempérance,l’espérance, etc. La
réflexion philosophique n’aurait alors qu’à confirmer rationnellement sa valeur
morale, qu’à laïciser en quelque sorte son éloge judéo-chrétien. L’humilité est
en effet originellement la vertu de celui qui a conscience de sa basse origine :
la terre, humus (ou même la poussière) dont Dieu aurait fait l’homme
(Genèse, II, 7). Le péché originel accroît encore cette nécessité pour l’homme
de reconnaître sa petitesse, voire son “néant”, et par conséquent de s’abaisser
devant son créateur, dans un mélange (paradoxal pour certains) d’amour et de
crainte. Suivant cette logique, la version “laïque” de cette humilité consiste à
prendre conscience de sa propre faiblesse, de ses limites en général, et surtout
à se comporter en fonction de cette prise de conscience en s’abaissant, non pas
en se sous-estimant, mais en manifestant une réelle infériorité face à ceux qui
sont supérieurs. C’est en quoi l’humilité se distingue de la modestie, qui
consiste plutôt à ne pas mettre en avant ses qualités ou sa supériorité réelles.
C’est la raison pour laquelle cette humilité s’accompagne souvent de
tristesse (voire est une forme de tristesse pour certains penseurs), puisqu’elle
naît du constat de notre petitesse, tandis que la modestie n’empêche pas
la joie, ou même la rehausse, puisque elle suppose que nous avons conscience de
notre réussite, que nous cherchons précisément à dissimuler ou à relativiser
face aux autres. M.A. |
Retour à l'accueil - Textes et articles - Le don - Sentences, aphorismes et brèves remarques - Lectures - Visages de la pensée - Liens et contacts